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AMINATA SARRE: PRINCESSE ORIENTALE DU WAX

  • Z@HRA
  • 1 juin 2017
  • 8 min de lecture

Jeune, sérieuse, respectueuse et respectable, talentueuse en la matière, tels sont les traits de caractère de la styliste, créatrice de mode Aminata Sarré. Cette jeune saint-louisienne qui a passé la majeure partie de son temps à Tambacounda a apporté une touche de plus dans l'euphorie de la création modèlistique en se basant sur le pagne africain (wax) qui prend de plus en plus de place dans la mode internationale. Qui est cette jeune fée de la création???

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Aminata Sarré. Je suis dans la vingtaine et je suis née à Saint-Louis. Cependant, j’ai fait mes études primaires un peu partout au Sénégal à cause de nos nombreux déménagements liés à la profession de mon père. J'ai fait mes études secondaires (collège et lycée) à Tambacounda jusqu'à l’obtention du baccalauréat scientifique en 2013. A la suite, j’ai suivi une formation en comptabilité-gestion à l’Institut Supérieur des Etudes Technologiques et Appliquées (ISETA) de Tambacounda. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai inséré une mutuelle de la place où je travaille encore.

Qu’est-ce qui vous a amené dans le monde de la mode ?

La mode est en effet un métier que j’ai toujours voulu faire. J’ai eu cet amour depuis l’enfance comme la majeure partie des stylistes. Dès le bas âge, je voyais ma mère et ma grand-mère faire la couture et c’est naturellement que j’ai été contaminé par ce virus. Petit à petit, je m’y suis mise et je me suis aussi beaucoup battu pour que les gens associent mon nom à ce métier. D'ailleurs, j'ai préféré rester à Tambacounda pour me concentrer sur ma carrière dans le domaine de la mode quand ma famille est retournée à Saint-Louis.

Avez-vous fait des études de stylisme ?

Je n’ai jamais étudié dans une école de mode mais ça figure assurément dans la liste de mes futurs projets. Pour le moment je n’ai pas encore les moyens financiers pour me payer des cours de haute couture dans des écoles de renom mais je reste réaliste quant au fait que dans ce monde, il faudrait aussi se munir de diplômes qui puissent justifier vos compétences.

Dans quelle branche de la mode se tournent vos compétences ?

Je suis dans le prêt à porter. Au fait, moi je travaille essentiellement avec le wax même s’il m’arrive de lui associer quelques rares fois des tissus différents. Vous n’êtes pas sans savoir que le pagne africain est de plus en plus utilisé pour la haute couture, ce qui est une fierté. On peut porter le wax douze mois sur douze en variant le style de la couture et ça marche surtout quand on est dans une zone où la température peut dépasser les 45°C en période de canicule. Vu que la première matière du tissu était le coton, j’ai préféré travailler avec ce tissu plutôt qu’un autre. D’ailleurs, ici à Tambacounda, j’ai été la première à faire des créations spécialement avec du wax et tout le monde le sait. Je fais des combinaisons, des jupes, des pantalons, des robes avec mes propres idées de créations, mon propre style.

Organisez-vous des défilés pour montrer vos collections à votre clientèle ?

Personnellement, je n’ai encore organisé aucun défilé de mode pour montrer mes collections par manque d’assise financière pour le moment. Par contre, j’ai eu à participer à un défilé organisé à l’occasion du sommet de la francophonie en 2014 à Dakar. En effet, deux stylistes devaient représenter la région de Tambacounda et j’ai été choisi par le président des tailleurs de la région, Bass, pour y aller avec lui. J’ai eu à présenter trois modèles dont une robe blanche portée par la défunte Maty MBODJE, une autre plus courte portée par le mannequin Khady CISSE et enfin une combinaison portée par un autre Max. Après mon passage, tout le monde m’encourageait et mon travail était salué par l’élite de la couture sénégalaise à l’instar de Sadiya GUEYE, pour ne citer qu’elle. Ce fut une belle expérience parce que grace à ça, j’ai su que j’étais capable de créer des produits qui plairaient aux sénégalais.

Pensez-vous à la création d’une marque ?

J’ai une marque et elle s’appelle Am SaMa Style. J’ai utilisé mes initiales pour créer le nom de ma marque : Am(Aminata) Sa(Sarré) Ma(Mabo), l’ethnie à laquelle j’appartiens.Le nom de la marque n’est pas bien connue parce que je ne l’utilise pas trop et que je n’ai pas encore organisé un événement pour la présenter comme le font les autres stylistes, mais ça va venir.

Vous arrive-t-il d’habiller des gens connus à Tambacounda ou à l’échelle nationale ?

J’habille beaucoup de personnes mais j’ignore si elles sont connues ou non. Ici à Tambacounda, il m’arrive d’habiller des hôtesses pour des soirées mondaines ou des évènements de ce genre. Je me débrouille.

Avez-vous un local qui abrite toutes vos créations ?

Vous savez nous sommes dans une région où les gens n’ont pas encore cette culture d’aller dans des showrooms pour acheter du prêt à porter. Ils préfèrent faire la commande personnellement et venir la chercher quand elle est prête d’où mon idée de ne pas ouvrir un local à cet effet.

Vous tenues sont-elles le fruit de votre imaginaire ou est-ce que vous suivez la tendance en imitant des créations existantes sur le marché ?

Toutes mes créations viennent de mon imagination. Si je dois me prêter au plagiat, mieux vaut ne pas faire ce métier. Je suis une styliste et non une imitatrice. J’imagine ma tenue comme je voudrais la porter, je fais le dessin et quand tout ça prend forme, je fais appel au tailleur pour qu’il fasse la couture. En effet, je précise que je n’ai appris la couture d’où mon souhait d’intégrer un jour un institut de haute couture mais je fais moi-même le découpage du tissu sauf dans de rares cas quand je suis vraiment prise. A ce moment, je m’adresse directement au tailleur et lui explique mon idée et en fonction de cela, il fait le découpage.

Qui est votre inspiration mode et quel est votre style personnel en matière d’habillement ?

Pour la fashion inspiration, je ne sais pas si j’en ai. A vrai dire je n’y ai jamais réfléchi. Par contre pour mon style vestimentaire, j’adopte majoritairement le style homme chic. En effet, pour la majeure partie du temps, je combine une chemise en wax ou un t-shirt avec un jean. A tout cela, j’ajoute un voile et voilà. Je ne me fatigue pas trop pour le make-up d’ailleurs.

Vous alliez deux métiers dans des domaines diamétralement opposés: quelles sont les difficultés que vous rencontrez en générale ?

C’est très dur naturellement mais je n’ai pas d’autres choix pour le moment. Comme je l’ai dit tantôt, le manque de moyen ne me permet pas de travailler comme je le voudrais dans le monde de la mode. Les tissus, les accessoires, les tailleurs, ils coutent tous une fortune. Pour assouvir ou alléger tous ces besoins, j’ai décidé de travailler dans une banque en attendant d’avoir une bonne assise financière pour me diriger à 100% sur ma passion qui est la mode. Les journées je me concentre sur ma profession et je me livre le soir à mes créations. C’est difficile mais ce n’est en aucun cas impossible tant qu’on se fixe des objectifs à suivre.

Quelles sont les raisons qui se cachent derrière une si grande ambition ?

Je n’ai jamais aimé être dirigée et cela constitue un défaut pour certains. Mais pour moi qui ai toujours voulu être ma propre patronne, je sais que c’est loin d’etre un défaut. C’est une ambition que je pense booster et je ne me donne pas de limite pour y arriver.

Quel message avez-vous pour les jeunes sénégalais et spécialement les tambacoundois sans emplois ?

Vous savez, nous sommes dans un monde où les jeunes tendent plus à s’en sortir par leurs propres moyens en entreprenant et le Sénégal ne fait pas exception à la règle. Tout le monde sait qu’au Sénégal il y a plus de jeunes que d’offres d’emploi alors si on veut tous attendre quelque chose du gouvernement, ça ne marchera pas. Il faut qu’on se dise la vérité, l’état nous vole. Sinon où dépense-t-il tout l’argent de l’impôt qu’il prend aux citoyens sénégalais. Ces fonds devraient servir à financer des projets pour créer des emplois.

Quant à la jeunesse tambacoundoise, les gens s’évertuent à dire qu’elle croise les bras et se prête à la facilité mais ce n’est en aucun cas la vérité. Pour la majorité, après l’obtention du baccalauréat, ils se dirigent vers l’université en suivant un système qui n’est là que pour créer des chômeurs en masse. Il faut que nos autorités fassent quelque chose pour ces jeunes qui ne sont que le fruit d’un système qui sert à égarer : apprendre pour chômer. Il faut reconnaitre que dans cette jeunesse, il y a des jeunes qui ont su se réveiller tôt en faisant de l’entrepreneuriat et c’est le cas d’Ibrahima CISSOKHOpour ne citer que lui. Il a créé une marque de T-shirt (Tamba N’GO) et ça se vend bien ici comme à l’étranger. Ce sont des exemples de réussite dont devraient se baser les autres pour sortir de cette misère.

Ne pensez-vous pas que la création d’un évènement annuel pendant lequel tous les entrepreneurs seront récompensés pour leur travail puisse etre une solution pour booster l’entrepreneuriat chez les jeunes tambacoundois ?

Moi personnellement je n’y ai jamais pensé mais c’est une idée que je salue bien sûr. Cependant, je crois qu’avant de penser à une cérémonie des awards pour récompenser de jeunes leaders tambacoundois, il faut mettre à leur disponibilité des moyens financiers et matériels pour qu’il puisse réaliser leurs projets. L’organisation de ce genre d’événements demande beaucoup d’argent et comme je l’ai dit tantôt, nos autorités ne se tuent pas à la tâche pour nos besoins.

Vous arrive-t-il de faire face à la jalousie gratuite des gens qu’ils soient de votre entourage ou éloignés ?

Vous savez je suis le genre de personne à ne pas faire attention à ces choses là. J'accepte la critique qu'elle soit positive ou négative. Je que je n'accepte pas par contre, c'est la critique inutile basée sur la jalousie. Je ne suis pas une fille qu'on démoralise facilement. Les personnes qui s'adonnent à ce genre de méchanceté, moi je les ignore catégoriquement.

Quels sont vos futurs projets ?

Je pense organiser des semaines de la mode à Tambacounda dans le futur. C’est une chose que je salue de la part de la styliste Adama Paris qui a organisé Dakar Fashion Week et qui est aussi une femme que j’aime et je respecte beaucoup pour son travail. D’ailleurs je lui ai envoyé un message pour échanger avec elle mes idées et apprendre plus sur le métier mais elle ne m’a toujours pas répondu. A-t-elle oui ou non reçue mon message ? Je l’ignore. Mais je ne m’avoue pas vaincue et je ne m’avoue jamais vaincue d’ailleurs. Je n’ai jamais eu la chance de participer à cet événement mais ça figure aussi dans la liste de mes projets. Je sais que l’organisation d’une semaine de la mode demande beaucoup de financement et vue que nos autorités ne nous aident pas, meme pour l’organisation de nos évènements actuels, alors je me vois mal me faire financer à l’avenir. Il faut compter les tickets de voyage des mannequins, des stylistes et de tous ceux qui doivent en faire partie, leur logement, la nourriture et ce sont des dépenses exorbitantes. Je pense me renseigner d’abord auprès d’Adama Paris pour savoir à quoi je dois réellement m’attendre pour l’organisation d’un événement de grande taille.

Je pense aussi organiser de temps en temps des défilés pour montrer mes collections et me faire connaitre d’avantage dans la mode.

Etes-vous un cœur à prendre ?

Je préfère taire ma réponse.

Votre plus beau souvenir ?

Mon plus beau souvenir est quand j’ai participé au défilé de la francophonie. Quand Bass m’a appelé pour m’annoncer que j’allais présenter mes créations à un défilé de mode de cette envergure, j’étais vraiment heureuse, très émue je dirai. Ce n’est pas tous les jours qu’on a ce genre d’occasion.

Votre pire souvenir ?

Je ne me souviens pas d’un pire souvenir dans ma vie ou s’il y en a, je ne m’en souviens pas.

Quels sont vos derniers mots ?

Merci de m’avoir fait confiance et d’être venue à ma rencontre.


 
 
 

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