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IBRAHIMA CISSOKHO: SELF MADE MAN

  • Z@HRA
  • 17 mai 2017
  • 10 min de lecture

<<Je n’ai jamais eu de salaire de ma vie… Je suis un self made man>>

Self made man, businessman et un homme au grand cœur, Ibrahima CISSOKHO alias Ebuprod est un exemple de réussite pour la jeunesse tambacoundoise et peut être bien étrangère en même temps. Depuis ses débuts dans l’organisation d'événements culturels à l’école secondaire jusqu’à la création de son propre label EBUPROD ENTERTAINMENT et de sa propre marque de t-shirt, Tamba n’go, de plus en plus célèbre, Ibrahima semble être un jeune qui veut marquer l’histoire à l’instar de son idole Steve Jobs.

Présentation:

Je m’appelle Ibrahima Cissokho. Je suis né et j’ai grandi à Tambacounda où j’ai aussi passé tout mon cursus scolaire du primaire au secondaire. Après l’obtention du baccalauréat en 2006, j’ai été orienté à la faculté de lettre, département d’anglais de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Après deux ans d’études, je suis revenu à Tambacounda. Depuis lors, je suis actif dans des mouvements de jeunesses, d’associations… Je suis le président du label EBUPROD (Entertainment Business Production), une société d’événementiel que j’ai crée et le propriétaire de la marque de t-shirt Tamba N’go. Je suis aussi le président du Réseau des Cultures Urbaines de Tambacounda et celui de la mutuelle régionale de santé des acteurs culturels de Tambacounda.

Ebuprod, le label:

D’abord, j’ai toujours incarné le rôle de leader dans ma communauté depuis le bas âge. Le domaine de l’organisation m’a toujours intéressé. Déjà à l’école primaire, je demandais toujours à organiser les évènements intra scolaires comme les kermesses. Les enseignants me choisissaient toujours parce que j’avais cette fougue de jeunesse en moi, la vigueur nécessaire pour la réalisation de ces évènements. Au collège, j’organisais les sorties scolaires et au lycée, j’étais au-devant des activités culturelles. J’ai évolué dans le milieu du hip hop dans la rue en y organisant des activités culturelles et faisant la promotion des rappeurs. En outre, ma famille aussi a participé à cet amour que j’ai pour l’organisation. Le vrai déclic, c’est dans les années 1990 avec l’essor du hip hop au Sénégal. Chez nous on écoutait toujours les nouveautés et ceci m’a permis de vraiment m’impliquer dans le hip hop à ma matière. En effet, je pouvais me mettre à l’écriture des textes de rap comme mes amis rappeurs mais j’ai préféré me concentrer sur l’organisation de leur concert et leur promotion et c’est la raison pour laquelle Ebuprod existe. Le nom Ebuprod est un diminutif de mon prénom Ibrahima, ajouté aux diminutifs des mots business et production. Transcrit en anglais, ca donne EBUPROD.

Les réalisations du label:

Après mon retour de l’université en 2009, j’ai trouvé sur place beaucoup de rappeurs et qui sont très bons d’ailleurs mais il leur manquait certaines choses pour s’exprimer comme ils le voudraient et c’est là que j’ai voulu intervenir avec mon label. Depuis l’essor du hip hop, je me suis maintes fois demandé quel rôle jouer dans toute cette euphorie de la musique urbaine et là, j’avais trouvé ma réponse. J’ai décidé de faire une compilation des rappeurs de Tambacounda. J’ai parlé aux concernés et la collaboration a été très facile parce qu’ils savaient qu’ils seraient connus partout en même temps que leurs œuvres. J’ai même réussi à faire participer à cette compilation le groupe KangamSquad qui est resté six à sept ans sans participer à aucune compilation et encore moins faire un album. Zéh avait fait l’intro (Lyrical Invasion) de la compilation et le dernier son a été fait par Lunatik . J’ai fait cette compilation pour faire connaitre le savoir -faire des rappeurs tambacoundois et montrer que c’était for us by us (pour nous et par nous). La compilation a pris du temps vue qu’elle a duré un an mais c’était parce que je devais tout financer moi-même et par conséquent, je devais me débrouiller pour trouver les fonds nécessaires. Après la compilation, le groupe KangamSquad m’a choisi pour être son manager et c’est là qu’on a commencé à travailler sur leur album Hip Hopology. Mais avant la sortie de l’album, nous avons mis terme à notre collaboration pour des raisons professionnelles mais nous avons toujours de bonnes relations. Cependant, cette rupture m’a permis de me connaitre moi-même et de savoir comment travailler avec les autres maintenant. En 2010, j’ai produit le groupe AlienZik au Camp militaire après leur double album… Juste après, j’ai organisé une grande soirée black and white qui a été une grande réussite. En début 2011, j’ai décidé de formaliser mon business en cherchant des papiers même si je n’ai pas beaucoup utilisé ces documents…

Le nombre d'évènements organisé par an:

Avant, il m’arrivait d’organiser deux à trois événements par an. Mais j’ai diminué le nombre maintenant parce que j’ai plusieurs activités à coordonner en même temps. En dernière date, j’avais eu à organiser une SWIMMING POOL SHOW pour faire connaitre les artistes. Je cherche des partenaires en étant le plus convaincant possible, parce que ce sont eux qui paient la presque totalité des dépenses et il faut comprendre cette réalité quand on est dans le milieu du show biz. On a fait des Battle entre rappeurs pour sensibiliser la population sur de nombreux thèmes…

Le Réseau des Cultures Urbaines de Tambacounda (RCUT):

En 2013, le ministère de la culture en partenariat avec Djolof for life de mon ami SIMON (rappeur) lors de la tournée de la DIVERSITE CULTURELLE a mis sur place le projet hip hop biz qui permettrait la création d’associations des cultures urbaines dans les régions. C’est une association qui fait partie du projet hip hop biz du rappeur Simon KOUKA. Maintenant le projet est devenu public. Auparavant les activités des cultures urbaines étaient spécialement concentrées à Dakar. Le rôle de ses Associations est de faire la promotion et coordonner les activités des cultures urbaines dans les régions. Il y avait AFRICULTURBAN et G HIP HOP pour l’organisation de ces évènements mais on est en train de diversifier tout cela. Quand on m’a élu à 90% à ce poste, il y avait des choses à faire et je n’ai pas attendu. Je me suis attelé à mon rôle sur le coup pour faire connaitre à la population ce que sont les cultures urbaines. La première étape a été de me lancer dans le social en faisant des collectes pour le service social de l’hôpital et ces types de structures. Je tiens à signaler que je n’ai jamais bénéficié de salaire pour mes services en tant que président du RCUT, je ne suis pas rémunéré et je ne m’y m’attends. Je n’ai jamais eu de salaire de ma vie. Je suis un Self Made Man. Auparavant on n’avait même pas de local. C’est maintenant qu’on nous a donné ce local sis au centre culturel régional de Tambacounda.

La marque Tamba N’go:

C’est en 2010 que tout a commencé. En tant que self made man, j’ai toujours voulu me lancer dans l’entrepreneuriat et, créer mon label Ebuprod et ma marque Tamba N’go m’a permis d’y arriver. J’ai d’abord commencé avec des t-shirts contenant des insignes 45° puis je les ai changés avec celles de Tambacounda. Mais j’ai pensé que ce n’était toujours pas assez originale et c’est à partir de là que j’ai commencé avec Tamba N’go. Ce dernier signifie Tambacoundois mais présentement, c’est plus qu’une appellation, c’est un concept international parce qu’on retrouve Tamba N’go en France, en Suisse, au Brasil, aux USA…

On dit souvent que nul n’est prophète chez soi : est ce qu’il vous arrive que la population tambacoundoise refuse de vous acheter vos t-shirts ?

Personnellement, je vends plus aux autres qu’aux tambacoundois. Il y a des gens qui achètent mes t-shirts à Tambacounda et ils me soutiennent vraiment. Je leur dit merci au passage. Pour ceux qui n’achètent pas en pensant que sans eux tout ira mal, je tiens à leur dire que mes t-shirts se vendront toujours parce que c’est une question d’esprit et d’engagement.

Avez-vous formalisé votre entreprise comme le font les autres ?

J’ai tout formalisé et tout structuré. Je suis le PDG du label Ebuprod et de la marque Tamba N’go et mes frères Moussa et Sina Cissokho sont respectivement Directeur commercial et Coordonnateur de la structure.

La mutuelle Régionale de santé des acteurs culturels: rôle et objectifs

La Mutuelle régionale de santé des acteurs culturels a été mise en place le 10 Mars 2016 lors de l’Assemblée générale de la mutuelle nationale de santé des acteurs culturels organisée par le Ministère de la Culture dans le cadre de la couverture maladie universelle voulue par le Chef de l’état Mr Macky Sall. J’ai été élu à l’unanimité premier président de la mutuelle de santé des acteurs culturels de la région de Tambacounda.

La mutuelle de santé a pour objet d’améliorer les conditions de santé des populations de sa zone d’implantation .Elle se propose de mener, essentiellement au moyen des cotisations de ses membres, une action de prévoyance, d’entraide et de solidarité, en vue notamment :

  • d’assurer la prise en charge de tout ou partie des soins de santé ;

  • d’assurer l’amélioration des conditions de santé de ses bénéficiaires ;

  • de faciliter l’accès pour tous à des soins de santé de qualité ;

  • de stimuler l’amélioration de la qualité des soins ;

  • de participer aux activités de promotion et d’éducation à la santé ;

  • de promouvoir et de développer ses propres services de santé ;

Malheureusement, les acteurs culturels, au niveau local ne parviennent toujours pas à saisir cette occasion. Ils ne s’inscrivent pas en masse et c’est peut être dû à un problème de communication au niveau national.

Je me dis que c’est une aubaine pour tout acteur culturel de se faire soigner, en tout cas de bénéficier des offres de la mutuelle. J’invite tous les acteurs culturels à se rapprocher du centre culturel régional de Tambacounda pour plus d’information, s’inscrire et bénéficier de la subvention à 60% des 17 500 premiers inscris sur le territoire national.

Les modèles et inspirations d'Ibrahima Cissokho:

Ma première inspiration c’est ma mère. C’est une vraie business woman. Quand je pense qu’elle est venue du Mali et qu’elle s’est intégrée en faisant du commerce. C’est une vraie battante et enfant, j’allais toujours la rejoindre après les cours au marché pour l’aider. C’est grâce à elle d’ailleurs que j’ai ce talent en matière de vente…

Je m’inspire aussi de sens de partage de mon père. Il s’est toujours préoccupé du social et aider ceux qui sont financièrement moins honoré que lui.

Enfin, je m’inspire beaucoup des américains. Côté business, je m’inspire de leur modèle de réussite qui pousse bon nombre de personnes à aller à la quête du rêve américain. Je m’inspire d’un Jay-Z qui s’est battu dans la vie pour occuper cette place qui lui revient de droit dans le show biz américain et il y en a d’autres. J’ai toujours voulu faire comme eux… Il y a des hommes dont l’image est toujours collée à la ville dont ils se sont investi corps et âme et je veux en faire partie. Quand on parle des USA, on pense à Jay-Z ou à Malcom X, Afrique du Sud-Mandela, Sénégal-Cheikh Anta Diop, Paris-Victor Hugo et je veux qu’on associe plus tard Ibrahima Cissokho à Tambacounda. Je veux créer le rêve Tambacoundois pour que tout le monde ait envie de venir ici et pas ailleurs et que ceux qui y sont préfèrent y rester.

Ibrahima Cissokho et les médias:

J’ai eu à faire des interviews avec les journalistes d’Alkuma.info, Ousseynou Diallo de Walf et sister Fadima Sam de la Rts3, Adama Noba RTS3, Dj Dafleks Nostalgie Dakar, et des interventions sur la Rfm avec Moussa Oumar Gueye, Amadou Diallo RDV à maintes reprises dans le cadre de mes activités pour mon label et pour ma marque aussi.

Quels conseils avez-vous à donner à la jeunesse sénégalaise en générale et tambacoundoise en particulier ?

Il faut qu’on s’active et qu’on se fasse nous-mêmes. Moi personnellement, j’ai toujours été un débrouillard, un self made. Je n’ai jamais fatigué mes parents pour avoir ce qu’ils ne pouvaient pas m’offrir et depuis que je suis adulte, je n’ai jamais eu de salaire de la part du gouvernement et je ne l’attends pas d’ailleurs. Ce que je n’accepte surtout pas, c’est de se lever le matin, demander à ses parents de l’argent pour prendre un petit déjeuner et faire du thé toute la journée. C’est vraiment insupportable de la part d’un jeune en âge de travailler. Quant à la jeunesse Tambacoundoise, ce n’est pas facile mais ils ne font rien pour s’améliorer. Ils se sont tous reconvertis en chauffeur de moto. Ils font tous le même travail. Mais d’une autre part ils viennent en aide à la population qui est très pauvre et qui n’a pas assez de moyens financiers pour se payer un taxi. Sous ce rapport, c’est louable.

Est ce qu'il vous arrive d'être en conflit avec votre entourage dans le cadre de vos activités?

Depuis que j’ai appris que le fait de prêter attention à tout ce que les gens disent de négatif sur toi te met en retard pendant qu’ils avancent, je ne me concentre que sur mon travail et le reste n’est pas important. C’est soit tu es avec moi mais le contraire non plus ne me dérange pas. On ne peut pas faire l’unanimité.

Votre style vestimentaire:

Moi je ne me fixe pas de limite. Mon style est assez varié. Les gens ne sont jamais surpris quand ils me voient par exemple en mode traditionnel à un concert ou quand je suis dans mon bureau avec un t-shirt Tamba N’go, un shirt et des baskets.

Vos futurs projets:

Actuellement, je collabore avec la styliste Aminata Sarré pour une collection de Tamba N’go en wax et t-shirt, bientôt une boutique nommée TAMBA NGO CORNER.

Dans le cadre du réseau des cultures urbaines, nous avons demandé à recevoir en 2017 le prochain festival de danse Hip Hop initié par l’Association Kaay Fecc.

Nous sommes aussi dans le processus de deux sessions de formation en infographie et en vidéo montage. On prévoit aussi un atelier d’écriture de texte Rap, une formation en écriture de projets et en entrepreneuriat culturel… Nous projetons aussi l’acquisition de notre propre Maison des Cultures Urbaines.

Etes-vous un cœur à prendre ?

(Rires). Je suis tellement concentré sur mon monde que j’oubli souvent qu’il y a le mariage qui m’attend… En tout cas, je ne suis pas encore marié, donc je suis célibataire.

Quel est votre type de femme ?

Quand je serais prêt pour le mariage, j’épouserais une femme pieuse, une femme qui se fâcherait contre moi si je n’accomplissais pas les cinq prières de la journée. Qu’elle soit ménagère ou non, à la fin de la journée, je veux pouvoir lui raconter tout ce qui s’est passé, j’aurai besoin de quelqu’un qui sera là à 100% pour moi, pour m’écouter, m’épauler et me soutenir et vice versa …

Votre meilleur souvenir:

La création de Tamba N’go est mon meilleur souvenir parce que c’est la concrétisation d’un de mes rêves les plus chers. La réalisation de ma marque de t-shirt m’a permis de savoir vraiment ce que signifiait cette signification de Steve Jobs, le fondateur d’Apple. Il disait « Si vous ne travaillez pas pour vos rêves, quelqu’un va vous embaucher pour travailler sur les siens »

Votre pire souvenir:

Mon pire souvenir est le décès d’un de mes amis d’enfance, Pape Modou Kébé alias Biggy. Il était devenu presque un frère pour moi. Ma mère lui envoyait des cadeaux de temps en temps et sa mère faisait de même. Son décès m’a vraiment secoué et la pilule n’est toujours pas passée…

Quels sont vos derniers mots?

Merci pour cet interview et je t’encourage à aller de l’avant.


 
 
 

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